Guadalupe Correa-Cabrera et Victor Konrad (dir.) (2020). North American Borders in Comparative Perspective. Tucson : The University of Arizona Press.

Recension

Guadalupe Correa-Cabrera et Victor Konrad (dir.) (2020). North American Borders in Comparative Perspective. Tucson : The University of Arizona Press.

Les frontières nord et sud et les zones frontalières des États-Unis devraient avoir beaucoup en commun; au lieu de cela, elles offrent des images nuancées des complexes relations entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. Dans l’ouvrage North American Borders in Comparative Perspective, des chercheurs et des praticiens fournissent une analyse contemporaine de la manière dont la mondialisation et les impératifs de sécurité ont redéfini les régions frontalières communes de ces trois pays.

Peu d’ouvrages abordent de manière comparée les frontières canado-américaine et mexico-américaine, comme le soulignent les coordonnateurs de l’ouvrage. La plupart de ces ouvrages sur les frontières sont par ailleurs de facture classique, proposant des analyses sur le commerce, l’énergie, les migrations, l’environnement… L’ouvrage se veut donc une réflexion novatrice sur le concept de frontières.

Ce volume offre une perspective comparative sur les frontières nord-américaines. Il analyse d’abord la nature distincte de la frontière Mexique-États-Unis, largement évoquée dans la littérature contemporaine, puis la frontière canado-américaine trop souvent négligée depuis quelques années. Les perspectives sur les deux frontières sont rarement comparées, ce que ce livre tente de corriger. Les essais de ce volume s’efforcent de proposer des analyses comparées des frontières nord-américaines. Les contributeurs proposent pour cela une variété d’approches des contextes théoriques et empiriques relatifs à l’Amérique du Nord.

Comprendre l’avenir des frontières exige une appréhension approfondie des zones frontalières et de leur dynamique. Ce volume est une contribution dans ce sens. Effectivement, plusieurs chapitres proposent des analyses transversales et/ou portant sur les frontières nord et sud ici étudiées. L’analyse des frontières à l’aune de la coopération (ou de ses ratés) est notamment abordée ; de même que la gouvernance des bassins hydrographiques ou encore l’étude de la perception de la signification des frontières.

Cependant, la prétention à la nouveauté ne doit pas faire illusion : on retrouve des approches, des thématiques classiques des études de frontières, très axées sur la gouvernance et l’intégration des économies et des régions frontalières dans la mondialisation et les grands courants d’échanges. On lit même parfois ce qui ressemble à des évidences, lorsque les coordonnateurs expliquent que la perception des frontières diffère dans les zones frontalières et dans les zones plus centrales (p.19). Mais, au-delà d’une facture finalement assez classique, l’ouvrage offre de bonnes études de cas qui satisferont le chercheur ou l’étudiant intéressé par la dynamique des frontières dans un continent, souvent dépeint comme intégré par les traités commerciaux de l’ALENA, devenu l’ACEUM, une image en réalité un peu surfaite alors que la réalité de la frontière, pour évoluer, demeure voire se renforce avec le passage de l’administration Trump au pouvoir.

Frédéric Lasserre

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