La Belt and Road Initiative : enjeux et défis pour la Chine

Audrey Camonfour-Jobin1, Alice Lopez1, Anaïs Gayraud1 et Victoria Gaudry1

1Étudiantes à la maîtrise en Hautes Études Internationales, Institut québécois des Hautes Études Internationales, Université Laval, Québec, Canada.

RG v4 n3, 2018


Résumé: La Belt and Road Initiative, développée dans le cadre du « Rêve Chinois » de Xi Jinping, souligne une grande diversité d’intérêts chinois. Ce projet de développement d’infrastructures à grande échelle pourrait être bénéfique diplomatiquement et économiquement pour nombre de pays si la Chine assure sa viabilité à long terme. Cet article vise à présenter les motivations à l’origine de l’élaboration d’une telle politique et à souligner les défis de sa mise en place.

Mots clés : Chine, BRI, Rêve chinois, nouvelle normalité, Nouvelle Route de la Soie

Summary:  The Belt and Road Initiative, developed within the scope of Xi Jinping’s « Chinese Dream », presents a wide range of interests for China. This project, based on infrastructure development, could bring diplomatic and economic benefits for several countries if the long-term viability of the project is guaranteed. This article aims to demonstrate what has motivated China to elaborate such a policy and to underline the challenges ahead.

Key words: China, Belt and Road Initiative, Chinese Dream, new normal, New Silk Road


Introduction

Lorsque Xi Jinping est devenu le chef du Parti Communiste Chinois (PCC) en 2012, celui-ci a présenté sa propre devise politique afin d’assurer la prospérité, la qualité de vie et la sécurité du peuple chinois (Pedroletti, 2013). Cette devise politique a été avancée par le nouveau président comme étant le « Rêve chinois », succédant à la « société harmonieuse » de son prédécesseur. Ce rêve signifie la grande renaissance de la nation chinoise au niveau national, régional et international (Aoyama, 2016). Xi Jinping modifie progressivement la stratégie économique du pays pour offrir un environnement d’affaires plus adéquat et affirmer sa compétitivité économique à travers la relance d’une croissance économique constante (Kennedy et Parker, 2015). C’est cette perspective, qui vise la prospérité et la qualité de vie à long terme, que l’on nomme la « nouvelle normalité » chinoise (Su, 2016). Dans ce cadre, le gouvernement central chinois propose plusieurs actions gouvernementales. On pense notamment au programme Made in China 2025 et à l’innovation de masse dans les industries du pays. Mais la démarche la plus ambitieuse de Xi Jinping se reflète dans la Belt and Road Initiative (ci-après BRI), qui vise la construction d’infrastructures à la fois terrestres et maritimes à travers l’Eurasie[1]. Cet article met en exergue l’évolution de la BRI depuis 2013 tout en soulignant les intérêts politiques et économiques qui ont motivé sa mise en place. Il s’agit aussi d’analyser les nombreux défis que pose cette initiative ambitieuse, dont le financement du projet, la méfiance au niveau régional et l’inquiétude occidentale envers la viabilité du projet à long terme.

1. Qu’est-ce que la Belt and Road Initiative ?

À l’automne 2013, Xi Jinping a annoncé la mise en place d’un réseau d’infrastructures régional d’envergure. La Belt and Road Initiative vise le développement d’infrastructures terrestres, maritimes, énergétiques et communicationnelles afin de connecter l’Asie[2], l’Europe et l’Afrique (Aoyama, 2016). Pour augmenter la connectivité entre ces régions, ce projet est constitué de deux composantes principales. D’une part, une route terrestre est prévue grâce à la construction de voies ferrées et de routes qui traversent l’Asie centrale et l’Europe. D’autre part, la mise en place d’une route maritime a pour objectif de soutenir la construction et le développement d’activités portuaires et de voies maritimes afin de relier les États d’Asie du Sud-Est et les pays limitrophes de l’océan Indien (ISDP, 2016). On parle ainsi de La Nouvelle route de la Soie et de La route maritime de la Soie du XXIe siècle (Aoyama, 2016).

Dans le cadre de cette initiative, la Chine développe six corridors économiques pour mettre en avant ses projets d’infrastructures terrestres et maritimes régionaux. La BRI est constituée du corridor Chine-Pakistan, du corridor Chine-Asie centrale-Asie de l’Ouest, du corridor Eurasiatique (ou Chine-Kazakhstan-Russie), du corridor Chine-Mongolie-Russie, du corridor Chine-Indochine et du corridor Bangladesh-Chine-Inde Myanmar (BCIM) (Mottet et Lasserre, 2018).

Figure 1. Carte des infrastructures prévues dans le cadre de la BRI

Source: Mercator Institute for China Studies

À ce jour, près de 70 pays[3] sont impliqués dans cette initiative et environ 4.8 milliards de personnes sont touchées par la BRI (Zhai, 2018, Knight Frank Research, 2018). La route la plus développée du projet est celle qui devrait, à terme, former le corridor économique Eurasiatique. Dans ce corridor, certaines infrastructures sont fonctionnelles et sont régulièrement utilisées par des trains de marchandises qui circulent entre la Chine et certaines villes européennes (Mottet et Lasserre, 2018). En ce qui concerne les autres corridors économiques, leur évolution varie considérablement (Zhai, 2018). Par exemple, à cause de blocages financiers et techniques, les travaux du corridor économique Chine-Indochine n’ont débuté qu’en 2017, et le corridor économique BCIM reste peu développé, faute d’accord transnational (Mottet et Lasserre, 2018, Mottet, 2018, Zhai, 2018).

Pour assurer une coopération politique active avec les États parties à l’initiative, le gouvernement central chinois a promu le projet dans des organisations régionales existantes et dans de nouveaux forums. La Chine a mis de l’avant son ambitieux projet à travers l’Organisation de coopération de Shanghai pour l’Asie centrale, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, le Forum sur la coopération sino-arabe pour le Moyen-Orient, le Forum sur la coopération sino-africaine pour l’Afrique et dans une moindre mesure, le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) (Grieger, 2016). Pour promouvoir le projet et renforcer les liens entre l’Asie et l’Europe, la Chine a mis sur pied le Format 16+1, qui réunit la Chine et seize pays de l’Europe centrale et orientale[4]. Ce partenariat se développe principalement autour de la BRI, à travers la création de réseaux commerciaux et d’opportunités d’investissement reliant la Chine et l’Europe (Grieger, 2016). Il est important de souligner que la Chine a inauguré le Belt and Road Forum for International Cooperation en mai 2017, afin d’aligner les stratégies politiques et commerciales des pays participants à l’initiative. Pendant ce sommet, près de 70 pays et organisations internationales se sont engagés à soutenir la BRI à travers des accords bilatéraux (Zhai, 2018).

En termes économiques, la Chine désire atteindre un commerce annuel d’une valeur de 2,5 milliards de dollars américain entre les États parties à l’initiative, et ce, dans un délai de dix ans (Grieger, 2016). Mais pour ce faire, la BRI exige des investissements variant entre 1.4 milliards de dollars américain et 6 milliards de dollars américain (Zhai, 2018). La Chine doit donc utiliser des sources de financement publiques et privées pour amasser cette somme. L’investissement chinois dans 59 pays couverts par la BRI a totalisé 14,4 milliards de dollars américain en 2017, selon les données publiées par le Ministère des affaires étrangères et du commerce de la Chine (Zhai, 2018). De nouvelles institutions régionales, telles que la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) et le Fonds de la Route de la Soie (NSRF), complètent et soutiennent financièrement le développement de la BRI (SCRS, 2015). La Chine, à travers ces investissements, affirme la création de nombreux emplois. Selon des sources d’informations chinoises, la BRI aurait généré près de 200 000 emplois en date de 2017 (Tian, 2017). La BRI semble aussi constituer une opportunité pour satisfaire les entreprises chinoises, afin qu’elles bénéficient de nouvelles occasions de développement à travers l’élaboration du projet (Callahan, 2016). Les entreprises pourront relancer leurs activités en investissant dans les pays voisins, où il existe une demande notable pour les produits manufacturés, en plus d’y partager leur savoir-faire (Callahan, 2016).

Il est important de noter que la portée de l’initiative est de plus en plus ambitieuse. Le Plan d’action chinois publié en 2015 souligne que l’initiative s’étend bien au-delà de la construction d’infrastructures (Kennedy et Parker, 2015). D’autres champs d’actions y sont inscrits, soit la coordination des politiques, l’intégration financière, la libéralisation du commerce, et ce, à l’échelle du continent asiatique (Aoyama, 2016). La connectivité entre les peuples y est promue et va bien au-delà des infrastructures physiques. Il s’agit de promouvoir la connectivité culturelle, académique et même diplomatique (Callahan, 2016). En octobre 2017, lors du 19e Congrès National du Parti Communiste Chinois (PCC), la BRI a été inscrite dans la Constitution du pays (Laparra, 2017). Cela signifie que l’initiative est maintenant un objectif central de la politique du pays afin de positionner la Chine en tant que force économique sur la scène internationale, et ce, à long terme (Zhai, 2018). De plus, la Chine a élargi la portée de l’initiative le 26 janvier dernier, en lançant un livre blanc sur sa politique en Arctique. Il s’agit d’une avancée importante pour le développement du volet maritime de la BRI. Le président chinois encourage les entreprises à développer des infrastructures en Arctique afin d’ouvrir la voie à des routes d’expédition plus courtes pour le transport de marchandises (Gao, 2018).

2. Pourquoi la Chine a-t-elle initié ce projet d’envergure ?

2.1 Faire face aux difficultés sécuritaires et commerciales

Il est prévu que la BRI améliore la connectivité à travers l’Eurasie et connecte la région du Xinjiang aux États voisins d’Asie Centrale, et plus à l’Ouest à ceux du Moyen-Orient et de l’Europe. Historiquement, ce sont des régions où le rôle de la Chine et son influence ont été limités à cause d’enjeux sécuritaires (Clarke, 2017). Or, la stabilité du Xinjiang est particulièrement vulnérable aux débordements du terrorisme et de l’extrémisme venant d’Afghanistan dus aux liens étroits entre les Talibans, Al-Qaida et les groupes terroristes du Xinjiang. Cette réalité cause des problèmes de sécurité au Xinjiang, ce qui affecte également la stabilité de la Chine (Huasheng, 2016, Zongze et al., 2016). Toutefois, la Chine voit dans la BRI un rempart potentiel à ce problème. Elle compte sur la croissance économique, issue du développement des infrastructures prévu dans le cadre de la BRI, pour améliorer la stabilité politique et sociale, ainsi que l’intégration du Xinjiang et des autres régions participant au projet (Mackerras, 2017, Clarke, 2017). De cette façon, la Chine bénéficierait d’une meilleure stabilité politique et sociale, et renforcerait ses relations ainsi que son intégration avec les États voisins d’Asie centrale (Grieger, 2016). Promouvant un développement soutenable et inclusif au niveau régional, la BRI devrait renforcer les institutions politiques en Asie, telle que l’Organisation de coopération de Shanghai, et réduire les actes terroristes et l’extrémisme religieux (Kennedy et Parker, 2015).

En outre, la BRI a été lancée et élaborée par la Chine dans le but de développer l’économie régionale. La réallocation prévue des moyens de production dans les pays en voie de développement (PED) permettrait aux pays en question de bénéficier du savoir-faire, du partage de compétences et de technologies, en plus de développer leurs infrastructures, selon les ambitions du projet. Grâce à ce type d’investissements, les voisins de la Chine pourraient dynamiser leur économie et accélérer leur processus d’industrialisation (Yu, 2017). La BRI est également l’occasion pour la Chine de modifier ses activités économiques et de faire une transition vers une nouvelle économie – en l’occurrence axée sur les services – qui lui permettra de satisfaire ses objectifs de croissance, de réduire ses importations et d’afficher la Chine comme un pays capable de se diversifier (Yu, 2017, Clifford Chance, 2017). L’initiative pourrait donc avoir des retombées positives dans le sud-est asiatique, mais également pour les régions les moins développées de la Chine. L’objectif chinois est d’atteindre un développement économique plus uniforme et de renforcer, par la même occasion, la compétitivité internationale de la Chine (Yu, 2017).

De plus, la BRI est l’occasion de renvoyer une image positive et rassurante de l’Asie concernant son modèle économique et faire un certain contrepoids face à la région occidentale, omniprésente jusqu’à présent dans les projets de grande envergure (EIU, 2015). Par ailleurs, la Chine a mis en place au fil du temps un modèle d’affaires particulier : « sortir en entrant » ou, mieux connu en anglais, « going out by going in ». Celui-ci mise sur l’attraction d’investissements extérieurs dans des régions locales encore isolées et économiquement peu développées, dans le but d’obtenir des recettes et partenariats étrangers qu’elle n’aurait pu atteindre autrement (Meyer, 2017). Si le projet ne vient pas à bout ou s’il traverse de sévères difficultés, il se pourrait que l’image et la confiance envers le modèle d’affaires asiatique soient ternies, en plus d’appauvrir l’économie chinoise. Ces défis ne sont, cependant, pas insurmontables, si la Chine mène une planification minutieuse de sa stratégie d’affaires pour être prête à gérer l’imprévu (EIU, 2015).

2.2 Connecter les régions pour stimuler le développement            

Le « Rêve chinois » est devenu la devise politique de Xi Jinping ; celle-ci vise à améliorer la qualité de vie du peuple chinois et à assurer sa prospérité. Le président chinois veut consolider le régime, gagner en légitimité et mettre en œuvre sa propre devise politique, qui vise à assurer une croissance économique constante dans les années à venir (Aoyama, 2016). Dans cette optique, la Chine mise sur un développement plus homogène entre les régions du pays. En effet, il existe des déséquilibres socio-économiques entre les provinces côtières de l’Est de la Chine, qui sont florissantes et très développées, et les provinces moins développées de l’Ouest et du Centre de la Chine (Grieger, 2016). La BRI s’inscrit dans cet objectif d’homogénéisation, afin de connecter les régions et stimuler une croissance économique constante.  

En plus de rechercher cette homogénéité au niveau national, la Chine désire atteindre un développement économique plus intégré au niveau régional. C’est pourquoi la Chine modifie progressivement sa stratégie diplomatique. En octobre 2013, le PCC a organisé un forum sur la diplomatie de voisinage, portant le nom de Work Forum on Chinese Diplomacy Toward the Periphery (Zongze et al., 2016). La tenue d’un forum axé sur un aspect spécifique de la diplomatie était une première en Chine. Cela a souligné la volonté du gouvernement de prioriser ses relations diplomatiques avec les pays d’Asie dans le but de créer un environnement favorable au développement chinois (Zongze et al., 2016). Toutefois, même si l’expression « nouvelle diplomatie » est souvent employée, il ne s’agit pas d’un abandon des politiques antérieures, mais plutôt d’un réajustement de ces dernières (Huasheng, 2016). Jusqu’alors, la diplomatie chinoise en Asie ne relevait pas d’une doctrine globale – la voie bilatérale était privilégiée pour répondre à des problématiques spécifiques (Huasheng, 2016). À l’inverse, la nouvelle diplomatie chinoise encourage la coopération multilatérale et applique les concepts d’amity, sincerity, mutual benefit and inclusiveness (qin, cheng, hui, rong) dans la conduite de ses relations extérieures (Huasheng, 2016). En cela, la BRI est une application concrète de la nouvelle orientation chinoise puisqu’on retrouve les mêmes valeurs et lignes directrices dans l’expression des objectifs de l’initiative. Ainsi, les piliers de la nouvelle diplomatie de voisinage comme l’ouverture, la non-exclusion, le bénéfice mutuel et la coopération sont au cœur du projet (Callahan, 2016, NDRC et al., 2015). En effet, la BRI se veut une initiative qui engendre des bénéfices mutuels pour l’ensemble des pays participants, de part une approche basée sur le dialogue, la recherche d’intérêts communs et la coopération (NDRC et al., 2015).

La BRI s’inscrit aussi dans l’objectif de la nouvelle diplomatie chinoise selon lequel il s’agit de créer en Asie une communauté qui partage à la fois des intérêts – notamment le développement économique – et des responsabilités comme la nécessité de coopérer en matière de sécurité. La vision chinoise d’une communauté partageant une même destinée implique donc d’accroître la coopération et l’intégration dans la région (Zongze et al., 2016). C’est ce que cherche à faire le gouvernement chinois à travers ce projet ambitieux. En effet, la BRI est l’un des moyens choisis pour atteindre cet objectif puisqu’elle vise à accroître l’interconnectivité régionale. Il n’en reste pas moins que la Chine cherche avant tout à protéger ses propres intérêts. Selon Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères, « no country should expect China to trade its core interests away or tolerate any infringement on its sovereignty, security and development interests » (Wang, 2017). Ainsi, bien qu’elle promeuve une approche gagnant-gagnant, la Chine a la ferme intention de défendre ses intérêts nationaux et tout particulièrement en matière territoriale, comme en Mer de Chine méridionale (Wang, 2017).

À travers la BRI, le champ géographique des efforts diplomatiques ne se limite pas simplement à la région asiatique (Aoyama, 2016). La mise en place d’un tel projet constitue aussi une politique globale qui vise à construire une « community of shared future for mankind » (Wang, 2017). Tel que mentionné ci-dessus, la Chine désire étendre sa sphère d’influence au nom du « Rêve chinois » (Aoyama, 2016). La crise économique mondiale de 2008 a constitué un tremplin pour promouvoir la renaissance de la nation chinoise sur la scène internationale. Sa réserve monétaire de plus de 2 milliards de dollars a permis de fournir une aide substantielle à la relance économique mondiale, donnant une voix plus importante à la Chine dans les relations internationales (Foucaud, 2009). Cette situation a été propice pour l’émergence d’une Chine qui défend davantage ses intérêts et étend sa sphère d’influence à travers le monde (Men, 2009). La Chine met maintenant l’accent sur un développement pacifique régional, et ce, en misant sur son soft power. Cette dernière repose principalement sur des ressources de nature non militaire : le pouvoir économique, le pouvoir diplomatique, le pouvoir culturel et la stabilité au niveau national (Zongze et al., 2016). Ce soft power a permis à la Chine de prendre part à la formulation de règles et de normes régissant des domaines émergents sur la scène internationale, tels que les affaires polaires, le cyberespace, la sécurité nucléaire et les changements climatiques (Wang, 2017). La BRI s’inscrit dans cet objectif d’accroître l’influence de la Chine au niveau mondial. En effet, ce projet vise à promouvoir la connectivité – par voies terrestres et maritimes – entre les continents asiatique, européen et africain, ainsi qu’à mettre en place et renforcer les partenariats entre les pays concernés par ce projet (NDRC et al., 2015). Le déploiement, dans les pays visés, de diplomates et d’académiciens chargés de faire connaître le projet et de mettre en avant ces avantages, illustre la place importante que tient cette initiative dans la politique étrangère chinoise (Callahan, 2016).

2.3 Mettre en œuvre la « nouvelle normalité » chinoise

La Chine a aussi propulsé le projet de la BRI afin de satisfaire des intérêts économiques. Selon les sources officielles chinoises, « (…) the initiative is intended to further economic integration and create a regional economic cooperation framework of benefit to all countries along both the land route in the Belt and maritime route in the Road, through the orderly free-flow of factors of production and the efficient allocation of resources » (Chen et Zhang, 2017). L’intégration économique inter-régionale est combinée à un deuxième axe majeur de la politique chinoise : le développement de la « nouvelle normalité ». Ce concept, tel que précédemment évoqué, reflète l’intérêt chinois d’atteindre une croissance moins rapide mais plus stable à long terme (Kennedy et Parker, 2015). En somme, le pays veut offrir un environnement d’affaires plus adéquat et affirmer sa compétitivité commerciale à travers la relance d’une croissance économique constante.

Pour comprendre l’enjeu de la Chine à appliquer cette « normalité », il faut revenir aux années 1960.  La Chine connaissait alors une forte croissance, due notamment aux réformes économiques du gouvernement, ainsi qu’à sa main d’œuvre bon marché, à ses taux d’intérêts avantageux pour les investissements, à la forte utilisation de ressources naturelles, à la promotion de son industrie manufacturière et au développement du secteur de la construction (Chen et Zhang, 2017). Cela lui a permis de devenir, en 2016, la deuxième économie mondiale, en termes de Produit Intérieur Brut (PIB), le premier détenteur de réserves monétaires étrangères et le plus grand exportateur mondial (Chen et Zhang, 2017). Toutefois, suite à la crise mondiale survenue en 2008-2009, pour maintenir la croissance, le gouvernement chinois a dû injecter des fonds dans l’économie nationale. Cela a propulsé le développement d’infrastructures et créé de nombreux emplois, tant dans le domaine de la construction que dans le secteur manufacturier, ces secteurs sont aujourd’hui arrivés à maturité. La mesure a donc répondu à l’objectif de maintenir la croissance, mais la Chine se retrouve à présent en surcapacité de production – la production étant excédentaire par rapport aux besoin réels – en plus d’avoir fait augmenter les coûts associés (Clifford Chance, 2017, Su, 2016). De plus, l’économie chinoise a beaucoup ralentie depuis les années 2010, deux enjeux que le pays devra surmonter, mais face auxquels, la BRI se présente comme une solution (Banque Mondiale, 2017). La recherche de cette « normalité » s’explique donc par les fluctuations de l’économie chinoise dans les dernières décennies.

D’un point de vue théorique, le concept de la nouvelle normalité fait référence à une situation nouvelle, voire révolutionnaire (Li, 2017). Le gouvernement chinois, en lançant dès les années 2000 la politique « zouchuqu » ou « going-out », visait l’expansion des activités des entreprises chinoises à l’étranger (Chen et Zhang, 2017).  La BRI s’inscrit dans cette continuité, tout en offrant l’opportunité aux entreprises chinoises de se développer, suite à la stagnation à laquelle elles font actuellement face, dans les secteurs de la construction, manufacturier et bancaire (Clifford Chance, 2017). Elle permet aussi à la Chine de sortir ses réserves étrangères, de populariser l’utilisation de sa monnaie nationale, le renminbi. Cette intention n’est pas nouvelle : le renminbi est actuellement largement utilisé comme monnaie d’échange en Asie de l’Est, mais son utilisation n’est pas encore associée à l’investissement ou aux réserves monétaires. La Chine espère, grâce au financement de la BRI via l’AIIB et le NSRF, diffuser le renminbi, afin qu’il devienne monnaie d’usage dans la région, et se défaire de son surplus de réserves étrangères (Clifford Chance, 2017).

3. Les défis face à ce projet

Le projet de la BRI présente également de nombreux défis pour la Chine, tant sur le plan politique que sur le plan économique. Ils se retrouvent au niveau régional, dus au faible développement des pays participants au projet, à l’instabilité et aux antagonismes en Asie, mais également au niveau international, où la BRI suscite de profondes inquiétudes quant à ses objectifs réels et sa faisabilité.

3.1 Le financement du projet

Un facteur limitant potentiellement l’évolution du projet concerne la capacité de financement que possèdent les pays de la BRI. Certains ne détiennent que peu de réserves étrangères (euros, dollars ou renminbi) pour financer le projet, et d’autres sont très endettés. Une question qui préoccupe la Chine, par rapport au financement du projet et au paiement des entreprises mandatées, mais également les pays concernés. Si certains gouvernements n’ont pas les moyens de répondre aux besoins financiers de la BRI, la Chine entend « (…) disposer en échange d’un plus grand contrôle direct sur les projets concernés et sur les politiques nationales associées » (Aris, 2016). De plus, les populations locales s’inquiètent que leur territoire ne devienne dépendant de la Chine. Ce défi devient alors un cercle vicieux. Les pays ayant des difficultés financières sont réticents à recevoir l’appui chinois et donc à participer au projet. S’ils devaient recevoir ce soutien, certaines parties de la population manifesteraient violemment leur mécontentement (Aris, 2016). Il en est de même si le projet n’amène pas les bénéfices économiques envisagés (Kennedy et Parker, 2015). Au final, cette situation complexe agrémente les tensions géopolitiques et augmente le risque pays associé. Il est important de souligner que la Chine elle-même s’est beaucoup endettée lors de la crise économique mondiale de 2008, lorsque le gouvernement a injecté des fonds dans l’économie, spécifiquement dans le développement d’infrastructures, pour maintenir la croissance (Yu, 2017, Wolff, 2016).

Pour faire face aux risques financiers associés à ce projet, rappelons que la Chine a instauré les deux fonds d’investissements : la AIIB et le NSRF. Ces institutions constituent un moyen de favoriser l’intégration, participent à l’objectif de populariser le renminbi et, surtout, permettent de financer le projet (Kennedy et Parker, 2015). Malgré cela, l’attraction des capitaux et la capacité de paiement des pays engagés dans l’initiative ne sont toujours pas garantis.

3.2 La méfiance vis-à-vis de la BRI au niveau régional

Il existe de profonds ressentiments, antagonismes et rivalités vis-à-vis de la Chine qui sont largement répandus à tous les niveaux de la société dans les États d’Asie centrale. Bien que les élites politiques veuillent se rapprocher de la Chine et attirer des investissements majeurs et attractifs sans conditions, les nationalismes et ressentiments économiques créent un environnement instable capable de ralentir l’expansion chinoise en Asie centrale (ICG, 2017). Ces ressentiments économiques sont très prononcés dans des pays voisins de la Chine, comme le Kazakhstan et le Kirghizistan, qui voient la Chine comme une menace économique plutôt qu’un partenaire. Ces ressentiments sont souvent utilisés par les leaders politiques pour mobiliser la population contre les compagnies chinoises (ICG, 2017).

Par ailleurs, les anciennes rivalités et hostilités en Asie rendent difficile une coopération soutenue entre les États (Mackerras, 2017). L’incapacité de la Chine et de l’Inde à maintenir une forme de relation stratégique les prive de bénéfices économiques et commerciaux et se fait au détriment des autres pays de la région. En effet, la BRI attise l’antagonisme entre les deux États en excluant l’Inde du projet et en étant perçue par cette dernière comme une stratégie de containment réfléchie plutôt qu’un projet amical et inclusif (Huasheng, 2016). Cela s’explique par le fait que la Chine étende ses projets d’infrastructures près des frontières de l’Inde. On pense notamment au Plateau Doklam, au niveau de la frontière du Bhoutan, dont l’Inde est le garant de la sécurité (Hays, 2017), et à la région contestée du Cachemire que doit traverser le corridor Chine-Pakistan (Khasru, 2017). Ce corridor est destiné à relier directement la Chine à l’océan Indien, en connectant à travers un réseau d’infrastructures la région chinoise du Xinjiang aux ports de Gwadar et de Karachi au Pakistan, afin d’éviter le passage du détroit de Malacca et réduire les coûts et délais qui en découlent (Markey et West, 2016). À cela s’ajoutent des projets d’infrastructures près de ses frontières maritimes, notamment au Sri Lanka, où la Chine est devenue majoritairement propriétaire du port Hambantota (Chance, 2017), d’où la crainte du Premier Ministre Indien Narendra Modi d’être encerclé (Kovrig, 2017). Une autre rivalité majeure dans la région existe entre les deux économies les plus importantes d’Asie du Sud – l’Inde et le Pakistan – qui mine la coopération régionale et fait de l’Asie du Sud une des régions les moins intégrées du monde. Cette situation complexifie les efforts diplomatiques de la Chine afin d’assurer la mise en place de la BRI dans cette région (Khasru, 2017).

Il existe également des tensions et une méfiance de longue date liées aux pratiques d’affaires des entreprises chinoises avec certains États. Notamment, les préférences historiques de la Chine pour traiter avec des régimes autoritaires, en s’inquiétant peu de la gouvernance de ces États, ont engendré des ressentiments parmi les citoyens et communautés locales de ces pays (Shipley, 2017). De plus, les pratiques commerciales de la Chine sont remises en cause dans certains États d’Asie centrale. Ces derniers reprochent aux entreprises chinoises d’engager des travailleurs chinois plutôt que des ouvriers locaux. Les affaires de corruption, les craintes concernant la vente ou la location importante de terres aux investisseurs chinois (ICG, 2017) accentuent la méfiance des communautés locales et renforcent l’idée que les projets chinois ne bénéficient pas à toute la population (Mackerras, 2017).

Malgré le but avancé par la Chine d’atteindre un développement commun en Asie et des bénéfices mutuels à travers la BRI, certains doutes ont surgi dès l’annonce du projet. Plusieurs hypothèses ont été avancées quant aux motivations et aux objectifs réels de la Chine dans la réalisation de la BRI. Certains pensent qu’elle cherche à étendre ses routes commerciales à travers l’océan Indien ; d’autres pensent que la Chine cherche à atteindre l’hégémonie au niveau régional et au niveau mondial pour surpasser les États-Unis ; d’autres encore estiment qu’elle se sert de la BRI pour étouffer les disputes territoriales et maritimes avec ses voisins (Stanzel, 2017, Zongze et al., 2016) ou encore qu’il s’agit d’un moyen pour la Chine de regagner sa puissance traditionnelle sur les autres régions d’Asie (Mackerras, 2017). Cette suspicion vient historiquement d’une aversion envers une Chine forte, mais aussi du rejet de son système politico-social actuel et de l’inquiétude par rapport à son développement rapide dans la région (Zongze et al., 2016). C’est pourquoi les avis quant au projet de la BRI sont mitigés et que certains voient l’expansion économique de la Chine comme néfaste, en particulier les États d’Asie centrale (Mackerras, 2017). Ces doutes peuvent éroder les relations bilatérales qu’entretient déjà la Chine avec ses voisins et nuire aux potentielles relations multilatérales nécessaires à la mise en œuvre de la BRI.

3.3 Les inquiétudes occidentales face à la mise en place de la BRI

Face aux nombreuses situations complexes au niveau politique, sécuritaire et social qui défient la mise en place de la BRI, certains observateurs sont sceptiques quant à la faisabilité de ce projet, qu’ils considèrent trop ambitieux, cher, risqué et vague (Kovrig, 2017). Certains voient ainsi le projet comme inefficacement organisé pour être soutenable et viable à long terme. L’une des critiques adressées est notamment que les principaux États impliqués dans le projet ne sont pas encore assez engagés (Mackerras, 2017). En effet, le manque d’engagement de certains États a été noté lors du premier sommet majeur sur la BRI, organisé par la Chine les 14 et 15 mai 2017, où seulement 29 dirigeants et chefs de gouvernements étaient présents sur les 65 États alors impliqués dans le projet (Stanzel, 2017).

Un autre problème avancé par les États européens est le fait que la BRI traverse de nombreux PED qui ont un Indice de Développement Humain (IDH) très bas, qui souffrent de sous-investissements et qui possèdent des infrastructures en mauvais état (Kovrig, 2017). De plus, certains pays asiatiques ont connu un ralentissement économique, une hausse de l’inflation, une dépréciation de leur monnaie et une fuite de leurs capitaux suite à la crise financière internationale (Zongze et al., 2016). Même si la Chine fait l’hypothèse que le développement économique puisse réduire ces problèmes, certains observateurs soulignent que la BRI pourrait détériorer la situation, car l’hypothèse d’une amélioration ne serait valable que si les bénéfices sont équitablement partagés, que les communautés locales sont consultées et que les institutions et systèmes de gouvernance parviennent à gérer les afflux d’investissements, conditions difficiles à mettre en place dans les PED (Kovrig, 2017). D’autres défis sociaux sont également à relever tels que la santé, l’éducation, la gouvernance, la discrimination, la corruption et l’exclusion sociale. Sans la résolution de ces problèmes, les États d’Asie centrale resteront fragiles. Or, la BRI n’inclut aucune mesure pour certains d’entre eux – comme pour la corruption et l’amélioration de la gouvernance – ce qui augmente les inquiétudes face à l’efficacité et la viabilité du projet (ICG, 2017).

En outre, les pays européens émettent d’importantes inquiétudes environnementales et sociales, car les projets d’infrastructures prévus par la BRI à travers l’Europe semblent ne pas être conformes aux normes sociales et environnementales européennes et internationales (Stanzel, 2017). On relève aussi des cas d’entreprises chinoises qui ne respectent pas certaines pratiques sociales et environnementales dans des États d’Asie centrale et du Sud, pouvant causer l’annulation ou le retard de certains projets (ICG, 2017).

Enfin, pour les observateurs occidentaux, ce projet, lorsqu’initié en 2013, semblait être la meilleure option pour la Chine afin de contrer la stratégie américaine de rééquilibrage en Asie-Pacifique – initiée par l’administration Obama fin 2011 – et pour étendre son influence mondiale (Dollar, 2015). Considérant la compétition marquée entre les deux puissances dans certains domaines, ce projet pourrait donc faire l’objet d’une escalade de tensions, voire transformer cette compétition en confrontation généralisée selon certains experts (Huasheng, 2016). Les États-Unis ressentent d’ailleurs une certaine menace face à ce projet d’envergure, notamment en ce qui concerne le développement de l’AIIB et du NSRF comme des institutions qui viendraient concurrencer celles considérées comme équivalentes à l’Ouest, à savoir les institutions de Bretton Woods que constituent le FMI et la Banque Mondiale. Ils n’encouragent d’ailleurs pas l’établissement de l’AIIB et tentent de dissuader d’autres économies d’y investir (Swaine, 2015). En effet, alors que 57 États, dont certains alliés américains, en sont devenus membres avant son lancement en 2015, l’administration Obama s’est engagée dans une campagne vigoureuse pour enraciner le projet et dissuader ses alliés les plus proches d’y participer (Echeverri-Gent et Herlevi, 2015). Par la suite, l’administration Trump, d’abord supportrice du projet après avoir participé au forum sur la BRI en mai 2017, s’est rétractée exprimant sa volonté d’offrir un projet de développement d’infrastructures alternatif à celui de la BRI en partenariat avec le Japon, l’Inde et l’Australie (Bittner, 2017). Cette volonté s’est d’ailleurs exprimée dans la nouvelle stratégie américaine vers l’Asie pour « une région Indo-Pacifique libre et ouverte », présentant la Chine comme une puissance révisionniste à contrer (The White House, 2017). Les États-Unis craignent notamment que le projet redéfinisse l’ordre international post-Seconde Guerre mondiale et affirme la puissance chinoise, en plus d’imposer un nouveau système financier associé à l’essor de l’AIIB (Swaine, 2015).

Face à cette méfiance en Asie centrale ainsi qu’aux doutes des États occidentaux, il faudra des actions concrètes de la part de la Chine pour convaincre de ses réelles motivations dans la construction de la BRI. Il s’agira d’influencer positivement les perceptions des plus réticents et gagner la confiance et le soutien de tous les États participants, avant le prochain sommet sur la BRI planifié pour 2019, sans quoi l’initiative chinoise risque de connaître des débuts difficiles.

Conclusion

La mise en place des infrastructures terrestres et maritimes de la BRI nécessite une coordination politique et économique d’envergure. Ce projet répond tout d’abord à des considérations politiques puisqu’il s’agit de la pièce maîtresse de la nouvelle diplomatie chinoise développée par Xi Jinping. Au niveau régional, cette dernière vise à former une communauté qui partage des intérêts, des responsabilités ainsi qu’une même destinée. Dans l’arène internationale, elle promeut une Chine plus proactive, capable de mener une politique extérieure digne d’une grande puissance. La mise en place de la BRI répond aussi à des motivations économiques, afin d’accroître l’intégration économique inter-régionale et d’assurer une prospérité à long terme au peuple chinois grâce à la « nouvelle normalité » chinoise.

Toutefois, la BRI comporte de nombreux défis liés au financement du projet, aux inquiétudes occidentales ainsi qu’à l’instabilité et à la méfiance régionales. Afin d’assurer le succès de cette initiative, les pays impliqués dans la BRI devront intensifier leur coopération dans tous les domaines, poursuivre leur développement grâce à l’intégration et renforcer leurs liens économiques, politiques et sociaux (Zongze et al., 2016). Malgré les défis que pose cette initiative, il est important de garder à l’esprit que la BRI est un plan à long terme, dont certaines des phases sont toujours en cours d’élaboration. Bien qu’il faille de nombreuses années avant de voir l’aboutissement du projet, il est certain que la BRI a le potentiel de forger des liens économiques, politiques et sociaux forts à travers l’Eurasie. Cette intégration profonde pourrait garantir à la Chine une influence notable, tant au niveau régional que mondial et une position forte pour guider le développement du système économique international (China Power Team, 2017).


Notes de bas de page

[1] L’Eurasie est un bloc formé par l’ensemble des continents asiatique et européen et fait plus de 54 millions de km2. Elle est entièrement située dans l’hémisphère nord – sauf l’extrême sud de la Malaisie – et se répartit de manière plutôt égale de part et d’autre du 45e parallèle (Pfeffer, 2018).

[2] L’Asie s’étend sur 75 degrés de latitude et, en tenant compte des îles, sur 92 degrés (de la Severnaïa Zemlia, ou Terre du Nord, 810 de latitude nord, à l’île de Rote, 110 de latitude sud) ; elle couvre 164 degrés de longitude du cap Baba en Asie Mineure au cap Dejnev en Sibérie. L’Asie est entourée au nord par l’océan Arctique, à l’est par l’océan Pacifique, au sud par l’océan Indien (Delvert et al., 2018).

[3] Afghanistan, Afrique du Sud, Albanie, Arabie-Saoudite, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bangladesh, Bélarus, Bhoutan, Bosnie-Herzégovine, Brunei, Bulgarie, Cambodge, Chine, Corée du Sud, Croatie, République Tchèque, Égypte, Émirats Arabes Unis, Estonie, Éthiopie, Géorgie, Hongrie, Inde, Indonésie, Iran, Iraq, Israël, Jordanie, Kazakhstan, Koweït Kyrgyzstan, Laos, Lettonie, Liban, Lituanie, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Maldives, Moldavie, Mongolie, Monténégro, Maroc, Myanmar, Népal, Nouvelle-Zélande, Oman, Ouzbékistan, Pakistan, Panama, Philippines, Pologne, Qatar, Roumanie, Russie, Serbie, Singapour, Slovaquie, Slovénie, Sri Lanka, Syrie, Tadjikistan, Thaïlande, Timor-Leste, Turquie, Turkménistan, Ukraine, Vietnam, Yémen. (Zhai, 2018, Knight Frank Research, 2018).

[4] Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Macédoine, Monténégro, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Slovénie.


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À propos des auteures

Audrey Camonfour-Jobin détient un baccalauréat en relations internationales et fait actuellement une maîtrise en études internationales à l’Institut québécois des Hautes Études Internationales de l’Université Laval. Spécialisée en développement international, elle s’intéresse aux changements climatiques, à la biodiversité, au développement durable et à l’inclusion des communautés locales dans le processus décisionnel politique.

Alice Lopez détient une licence en langues, lettres et civilisations anglaises et fait actuellement une maîtrise en études internationales à l’Institut québécois des Hautes Études Internationales de l’Université Laval. Spécialisée en relations internationales, elle s’intéresse à la gestion durable des ressources et à l’évaluation de l’impact des activités humaines sur l’environnement.

Anaïs Gayraud détient un baccalauréat en administration des affaires et et fait actuellement sa maîtrise à l’Institut québécois des Hautes Études Internationales de l’Université Laval. Spécialisée en commerce international, elle s’intéresse particulièrement à l’Amérique Latine, aux enjeux environnementaux et à la responsabilité sociale de l’entreprise.

 Victoria Gaudry détient un master en économie appliquée de l’Université de Bordeaux et fait actuellement sa maîtrise en études internationales à l’Institut québécois des Hautes Études Internationales de l’Université Laval. Spécialisée en sécurité internationale, elle s’intéresse particulièrement aux relations sino-américaines, à la politique étrangère américaine et à la sécurité en Asie-Pacifique.