Marie-Gabrielle Bertran1
1 Étudiante en Master à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris 8); Titulaire d’un Master d’Histoire de la Philosophie (Sorbonne-Paris IV).
marie-gabrielle_bertran@hotmail.fr
RG v4 n2, 2018
Résumé : Depuis le début des années 2010, le Runet (nom donné à l’Internet russe) est peu à peu perçu comme un cyberespace particulier, dont les spécificités de langue, de structures et d’usages semblent de plus en plus mises en valeur par le gouvernement russe. Cette perception s’appuie sur une volonté du gouvernement russe de particulariser et d’accroître l’indépendance de ce réseau vis-à-vis des principales structures mondiales (backbone). Certains chercheurs, tels que Kavé Salamatian et Laurent Bloch, posent ainsi la question de l’instauration de nouvelles frontières numériques en Russie, et évoquent un risque de balkanisation (de fracture ou de séparation selon la langue ou la nation) de l’Internet mondial.
Mots-clés : Russie, Runet, frontières, frontières numériques, espace post-soviétique, Internet, cyberespace, réseau, cyber-souveraineté, gouvernance de l’Internet, couche physique, couche sémantique, sphère informationnelle, identité, emprise étatique, contestation
Abstract: Since the beginning of 2010, the Runet (the Russian Internet) has become more and more perceived as a particular cyberspace, whose specificities in terms of language, structures and habits seem to be specifically outlined by the Russian government. This perception relies indeed on the will of the Russian government, which seeks to particularize and increase the independence of this network towards the main global infrastructures (backbone). Thus, several researchers – such as Kave Salamatian and Laurent Bloch – ask if this new kind of fragmentation of the Internet could correspond to the establishment of new digital borders in Russia, and mention the risk of a balkanization of the global Internet (i.e. the separation of a territory between the different languages which are spoken on it, and between the different nations which live in the same area).
Keywords: Russia, Runet, borders, numerical borders, post-Soviet space, Internet, cyberspace, network, cyber sovereignty, Internet governance, physical layer, semantic layer, information space, identity, State ascendancy, contestation
Introduction
Depuis le début des années 2010, le Runet (nom donné à l’Internet russe) est peu à peu perçu comme un cyberespace particulier, dont les spécificités de langue, de structures et d’usages semblent de plus en plus mises en valeur par le gouvernement russe ; notamment par le biais de mesures juridiques et techniques, à la manière d’un nouvel espace stratégique qu’il conviendrait de protéger de l’extérieur, et de réguler à l’intérieur. Cette perception s’appuie sur une volonté du gouvernement russe de particulariser et d’accroître l’indépendance de ce réseau vis-à-vis des principales structures mondiales (backbone), et se traduit par une participation plus importante à la mise en place des régulations internationales par le biais, notamment, d’une représentation – et ainsi, d’une influence – accrues au sein des institutions et sommets internationaux sur l’Internet. Certains chercheurs[1] posent ainsi la question de l’instauration de nouvelles frontières numériques en Russie, et évoquent un risque de balkanisation (de fracture ou de séparation selon la langue et/ou la nation) de l’Internet mondial.
1. L’enjeu de la souveraineté : une volonté partagée par l’État et de multiples acteurs privés
Depuis les années 2010 et la présidence de Dmitri Medvedev (2008-2012), le gouvernement russe met en place des solutions techniques destinées à garantir la souveraineté politique, mais aussi et surtout économique de la Russie dans le cyberespace.
Le mandat de Dmitri Medvedev semble en effet avoir été décisif pour la mise en place d’une économie de l’Internet et du numérique, qui paraissait d’abord viser une forme de souveraineté économique du pays dans le domaine, avant de devenir un véritable projet de souveraineté politique et de gouvernance étatique du cyberespace. Ce qui a fini par prendre le nom de Runet pourrait apparaître, en effet, comme un cyberespace intérieur, ou plutôt comme la zone de représentation numérique et virtuelle du rayonnement linguistique et culturel de la Russie, qui comprend en particulier les pays de l’ex-URSS.
Dans ce domaine, les velléités économiques du pays et des entreprises nationales ont donc précédé les velléités politiques et de souveraineté du gouvernement. En effet, l’impulsion de nouvelles politiques visant l’indépendance technique en lien avec l’Internet et le numérique est d’abord provenue, – au même titre que la Perestroïka gorbatchévienne – d’une volonté de libéralisation et de projection de la puissance économique du pays, partagée par le gouvernement et des acteurs économiques potentiels. Le but recherché étant, à terme, celui d’un rattrapage économique, ou une certaine (re)mise à niveau de l’économie, qui devait ainsi rejoindre un mouvement déjà amorcé depuis le début des années 1980 aux États-Unis et en Europe, avec l’émergence d’entreprises quasi-monopolistiques – ayant profité de l’espace libre que leur laissait le progrès technologique dans l’informatique et la téléphonie de masse – telles que Microsoft, Dell ou encore Apple.
Ce mouvement réunissant acteurs étatiques et acteurs privés s’est, par ailleurs, poursuivi parallèlement à l’émergence d’une nouvelle doctrine de cyber-souveraineté mise en place par le gouvernement russe. En effet, au cours de la première décennie 2000, les enjeux liés à la cyber-souveraineté semblent être devenus une priorité pour l’État, en accord avec les doctrines de sécurité informationnelle et informatique, dont la première – déjà ancienne en Russie, et largement théorisée et appliquée durant les événements de la Guerre Froide – devait être adaptée aux nouveaux enjeux posés par la seconde.
Ainsi, à la suite des révélations d’Edward Snowden, l’existence d’une « Commission pour le Développement de la Société informatisée »[2] au sein du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement russe) a été rendue publique. Cette dernière a élaboré, le 29 novembre 2013, le premier projet de « cyber-sécurité » russe à proprement parler, en en distinguant officiellement le concept de celui de « sécurité informationnelle », et en semblant ainsi préciser et poursuivre des changements déjà initiés depuis les années 2011 et 2012 à travers la législation.
Le secteur privé a donc joué un rôle important dans la mise en place de ce projet, comme en témoigne une intervention de Igor Ashmanov (ancien directeur exécutif de la société Rambler[3]) lors du iForum 2013[4] (qui s’est tenu en Ukraine en avril 2013), qui évoquait alors l’idée d’un projet de développement d’infrastructures propres à la Russie, et autonomes vis-à-vis de celles de l’Internet mondial. Il énonçait ainsi que la protection du pays, à travers celle des données stratégiques de l’État et des citoyens, impliquait la construction de ses propres processeurs et micro-schémas, de ses propres BIOS (Basic Input Output Systems) et systèmes d’exploitations, logiciels et applications, mais aussi de son propre système de géolocalisation.
Peu après, en mai 2013, la Rossiskaya Gazeta, l’un des principaux organes de presse officiels du gouvernement, publiait un entretien avec Igor Ashmanov qui venait officiellement consacrer l’idée de l’indépendance des infrastructures de l’Internet russe. Indépendance vers laquelle semble donc désormais tendre l’ensemble des politiques mises en place par le gouvernement dans les domaines de l’informatique et des technologies numériques.
Or, d’une telle volonté de protection par l’indépendance des réseaux du pays (qui s’accorde aussi, en réalité, avec une volonté de maîtrise de ces réseaux sur le territoire) à une volonté de protection par l’isolement total, il peut n’y avoir qu’un pas : comme le montre le cas de la Chine, où la maîtrise des réseaux par le gouvernement, qui exerce une importante force de contrôle et d’influence sur les entreprises chinoises, même indépendantes, en a fait de véritables outils de maîtrise du territoire intérieur (à travers, notamment, le contrôle étroit des informations et des communications qui y transitent), tout en les isolant (le plus possible) de l’extérieur, notamment via des logiques de censure.
2. Le désir de fermeture du Runet : protéger de l’extérieur en contrôlant à l’intérieur, l’illusion de la possibilité de contention des réseaux
Suite à la mise en place des doctrines de sécurité informationnelle et de cyber-sécurité en 2013, qui ont été érigées en chantiers prioritaires du gouvernement après les révélations d’Edward Snowden, de nombreux projets destinés à assurer la maîtrise des réseaux et du matériel informatique de l’État ont émergés.
2.1 Des anciens murs physiques aux nouveaux murs virtuels
Ainsi, en novembre 2016, le gouvernement russe a annoncé un partenariat avec la Chine, afin de mettre en place un « Grand Pare-feu » (‘‘Great Firewall’’) sur le modèle chinois. Loin de constituer une nouveauté, le projet avait déjà été mentionné en octobre 2008 par Valentin Makarov, membre de l’équipe dirigeante d’une compagnie de technologies de l’information[5].
Surtout, il était hautement symbolique, puisqu’il s’agissait – suivant les exemples de la Chine ou du Kazakhstan – d’ériger un mur virtuel entre le Runet et le reste de l’Internet mondial, selon des enjeux qui semblaient étonnamment proches de ceux auxquels avait dû répondre la construction de la Grande Muraille de Chine sous la dynastie des Qin, autour de 220 av. J.-C..
En effet, la construction du mur physique devait répondre, à la fois, à un désir de protection vis-à-vis des intrusions et des attaques extérieures, et à une volonté de maîtrise des forces en présence sur le territoire intérieur. Forces qui correspondaient alors à celles de puissants seigneurs dont les royaumes entraient fréquemment en conflit, dont les velléités d’expansion représentaient une menace pour la stabilité intérieure de l’empire, et qui devaient ainsi se voir occupées à la construction commune d’un ouvrage destiné à détourner leur attention vers la menace extérieure, et bien réelle par ailleurs, que constituaient les nomades d’Asie Centrale.
De la même façon, l’érection de murs numériques semble devoir répondre au désir de protection de ce qui serait un territoire numérique intérieur, face à des attaques qui proviendraient de l’extérieur, mais aussi face à l’accroissement des échanges internes : révélant ainsi une perception erronée de l’Internet comme un espace dont on pourrait entièrement contrôler la circulation et les accès.
Car, force est de constater que les logiques d’endiguement (containment) intérieures et extérieures de l’Internet débouchent généralement sur un échec. En effet, un contrôle total des intrusions et des échanges à l’intérieur d’un réseau s’avère techniquement impossible, puisque tout réseau, en-dehors de certaines infrastructures particulières (telles que les intranets), est composé de différents niveaux toujours susceptibles de fonctionner en vases communicants, et de joindre ou d’être joints par l’Internet mondial.
Dès lors, si le réseau chinois semble offrir une certaine étanchéité de l’intérieur vers l’extérieur pour toute connexion effectuée de manière classique (les flux sortants étant sujets à un contrôle destiné à empêcher la connexion à des sites interdits sur le territoire, et hébergés à l’extérieur), les protections qui y ont cours – par le biais de cette structure qui bloque les flux à partir des adresses IP chinoises vers les sites censurés – peuvent être dépassées par la seule utilisation d’un VPN. Ces difficultés sont plus tangibles encore du point de vue des flux entrants, qui sont d’autant plus difficiles à filtrer que leur provenance peut (dans une certaine mesure) être masquée, là encore, grâce à l’emploi d’un VPN.
2.2 L’enjeu du développement de systèmes d’exploitation nationaux
La vivacité des entreprises états-uniennes, dont certaines ont investi le marché russe, s’avère par ailleurs être l’une des dynamiques que l’État entend contrecarrer. Le statut Microsoft et Windows, en tant qu’entreprises et systèmes d’exploitation (ou OS, Operative System en anglais), est ainsi au cœur des préoccupations liées à la cyber-sécurité et la cyber-souveraineté en Russie.
C’est pourquoi, lorsque le 31 octobre 2016, l’équipe de cyber-sécurité Threat Analysis Group de Google a rendu publique une faille critique qui affectait différentes versions de Windows depuis 2009, certains experts en sécurité informatique ont souligné le fait que, selon les analyses de sécurité, celle-ci semblait avoir été particulièrement exploitée par des pirates informatiques russes. Ces derniers semblaient en effet s’en être servis à l’aide d’un ver informatique baptisé Sandworm (« ver de sable »), afin de mener des opérations de renseignement stratégique et industriel, par le biais, donc, d’un OS Windows dont la crédibilité se trouvait ainsi fortement remise en cause auprès du grand public.
Or, début 2016, et en accord avec un projet formulé en 2010, le gouvernement russe avait annoncé vouloir cesser d’utiliser le système d’exploitation vendu par Microsoft, en particulier pour les ordinateurs employés dans les services administratifs de l’État, mais aussi au sein des infrastructures éducatives et de recherche. Décision qui devait également s’étendre au système d’exploitation mobiles et tablettes Android développé par Google. Dans ces deux cas, l’enjeu de la souveraineté économique du pays sur son propre marché intérieur semblait ainsi rejoindre de façon opportune des préoccupations de cyber-sécurité.
Dans le cas des nouvelles technologies de l’information et de la communication (N.T.I.C.), les principaux enjeux stratégiques renvoient ainsi à deux domaines de préoccupations : l’économie et la sécurité. En effet, l’utilisation et la présence massives d’un OS conçu par une entreprise étrangère sur des postes employés par des agents de l’État présente inévitablement deux risques majeurs : d’abord, celui d’un manque de visibilité des entreprises nationales sur le marché intérieur, et ensuite celui de la présence possible de portes dérobées (backdoors)[6], qui permettraient à l’entreprise étrangère conceptrice de l’OS d’avoir accès à différents types d’informations stratégiques sur des postes de l’État. Celles-ci allant de simples mesures du fonctionnement de l’OS, à de véritables analyses menées à partir de l’utilisation qui en est faite, telles que la consommation d’énergie au démarrage et en cours d’utilisation, l’obtention des données constructeur de la machine sur laquelle il est implémenté (modèle, ou même adresse MAC), l’utilisation de la mémoire, ou encore les programmes utilisés et leur fréquence d’utilisation.
Mais, c’est surtout la présence possible de failles directement liées au produit, telle que celle qui a été mise en cause dans le cas Sandworm, qui semble présenter le risque le plus important. En effet, ces dernières peuvent alors devenir exploitables à grande échelle[7]. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit dans le cas de la cyberattaque massive qui a eu lieu le 12 mai 2017, et qui a vu le rançongiciel (ransomware) WannaCrypt, ou WannaCry, infecter plusieurs centaines de machines situées dans le monde entier. La Russie ayant été d’ailleurs particulièrement touchée par l’attaque, qui aurait atteint environ 1000 postes au ministère de l’Intérieur (l’équivalent d’1 % de son système), ainsi que différentes banques et entreprises, telles que Sberbank ou le groupe de télécommunications MegaFon.
Afin de proposer des alternatives aux infrastructures du groupe Microsoft, le gouvernement russe a donc évoqué l’idée de créer des équivalents nationaux à plusieurs reprises au cours des années 2000. Un OS russe destiné à être utilisé sur les 6 000 postes des bâtiments officiels de la ville de Moscou devait ainsi être réalisé à partir d’un noyau Linux, alternative en code source ouvert (open-source)[8] la mieux représentée, et qui propose de nombreuses distributions simples d’utilisation pour un public non averti. Par ailleurs, un certain intérêt des autorités russes pour les OS alternatifs à Windows avait pu être observé à travers celui porté par Dmitri Medvedev à ReactOS : un système d’exploitation ouvert réalisé à partir d’un noyau hybride.
Une certaine forme de protectionnisme vis-à-vis des logiciels semble également avoir été instituée, avec la mise en place, le 1er janvier 2016, d’un décret pour la création d’un registre national destiné à répertorier les logiciels autorisés sur les machines des pouvoirs publics. Ce registre, qui avait été élaboré par le ministère des communications en 2014 et présenté au gouvernement le 30 juin 2015, stipulait que seuls pouvaient être utilisés des logiciels dont les droits appartenaient exclusivement au gouvernement ou à des villes russes, ou encore à des sociétés non commerciales dans lesquelles la part des actionnaires russes s’élevait à plus de 50 %.
L’un des autres projets envisagés consistait en la création d’une architecture Internet spécifique sur le territoire russe, qui devait se déployer au niveau local, régional et fédéral, afin d’être plus en accord avec les structures-mêmes de l’administration et de l’État. Mais, le principal objectif visé était la création d’un Internet indépendant, et surtout souverain, puisqu’il devait être en partie déconnecté du réseau mondial, et placé sous le contrôle quasi-total de l’État. En effet, ce projet devait s’accompagner d’un contrôle fédéral accru des fournisseurs d’accès Internet (F.A.I.), puisque leur réorganisation – en les trois niveaux précédemment cités – devait permettre de favorier la maîtrise des flux de données.
Surtout, les réseaux locaux et régionaux devaient être entièrement coupés des réseaux internationaux, puisqu’il aurait fallu passer par les structures du niveau fédéral pour pouvoir y accéder. Enfin, un filtrage des contenus probablement plus efficient aurait pu être organisé à ces trois niveaux.
Si une telle structure s’avère en réalité difficile à mettre en place, elle est néanmoins révélatrice de la volonté croissante de contrôle et de maîtrise des réseaux par l’État, qui semble avoir trouvé son apogée à travers l’annonce de la mise en place d’un pare-feu à l’échelle du territoire de la Fédération de Russie, sur le modèle chinois.
3. La mise en place progressive d’une doctrine de cyber-souveraineté
Les différentes politiques de l’État russe en lien avec l’informatique et le cyberespace sont aussi, désormais, destinées à favoriser leur contrôle accru par le biais d’un matériel produit en Russie[9].
Pour ce faire, la présidence a exprimé auprès de son gouvernement le souhait que soit élaboré un plan visant à « mettre en priorité les valeurs morales et spirituelles traditionnelles russes » dans le cyberespace, selon une ordonnance exécutive (oukaze) signée par le président Vladimir Poutine le 10 mai 2017, et révélée par le Kremlin le 11 mai sous le nom de « Stratégie pour le Développement d’une Société de l’Information en Russie, de 2017 à 2030 ». D’après le document, cette stratégie devait permettre de protéger les infrastructures russes contre les cyberattaques par le remplacement complet du matériel (hardware et software) actuellement employé dans les administrations, grâce à des produits conçus en Russie. Elle préconisait par ailleurs le chiffrement des communications des fonctionnaires du l’État fédéral contre la surveillance et la récupération d’informations par des acteurs extérieurs.
Selon le Moscow Times, la directive visait également à obliger le gouvernement à trouver de nouveaux moyens de contrôle des médias, ainsi qu’à limiter l’anonymat en ligne. En effet, ces nouvelles régulations préconisaient la création d’un « système de confiance », qui – sous couvert de protéger les données personnelles des utilisateurs du Runet – prévoyait de « supprim[er] l’anonymat et l’impunité des [internautes] qui transgressent la loi ».
Cette ordonnance du 10 mai 2017 s’inscrivait donc dans la droite ligne des mesures adoptées par le gouvernement depuis 2011. La préconisation d’un contrôle accru de l’information en ligne pour la protection des utilisateurs, et en s’assurant de la légalité et de la moralité des contenus, rejoignait les lois contre les publications « extrémistes » et pour la protection de l’enfance. Et la volonté, promulguée dans ce décret, de réduire les risques de cyberattaques contre les infrastructures gouvernementales en préconisant l’utilisation d’un « matériel russe » (physique et logiciel au niveau des systèmes d’exploitation), permettait donc la mise en place effective de projets développés de façon plus soutenue depuis 2013.
4. La mise en place d’une identité de l’Internet russe déterminée par la loi et l’État
L’oukaze du 10 mai 2017, en réaffirmant les velléités de cyber-souveraineté de l’État, a également remis la question de l’anonymat en ligne au centre de ses préoccupations. En effet, avant cette ordonnance présidentielle, le problème de l’anonymat sur Internet semblait être évoqué de façon sporadique par des députés ou des officiels, qui en déploraient les possibles dérives.
Mais, l’annonce sans précédent de cette volonté présidentielle (et gouvernementale) de lever l’anonymat en ligne, semblait faire directement écho à une proposition de loi soumise au Parlement le 10 avril 2017 par Vitaly Milonov[10], qui visait à interdire l’usage des réseaux sociaux aux moins de 14 ans (là encore, pour des raisons présentées comme « morales » et « protectrices » face au danger présenté par certains contenus en ligne) : l’application de la loi proposée par V. Milonov supposant, en effet, que l’utilisateur fournisse au préalable les informations indiquées sur son passeport afin de pouvoir créer un compte sur un réseau social.
Or, de ces mesures à la revendication d’un cyberespace réservé – dans son usage – à des utilisateurs dont le profil correspondrait à celui des membres de la nation (les citoyens de l’État), ou aux membres de la nation élargie à l’espace culturel commun (c’est-à-dire à l’ensemble des russophones), il pourrait n’y avoir qu’un pas.
Ces phénomènes suggèrent la fragmentation de l’espace numérique et informationnel en des (cyber)espaces cloisonnés au niveau national, ou selon certaines formes de communautarisme[11]. En effet, l’Internet mondial – historiquement multipolaire – est pris dans de nouveaux enjeux qui semblent parfois converger vers une explosion, ou une enclosure des réseaux. Enclosure qui ferait de sa structure le simple support commun de cyberespaces définitivement distincts : amenant certains chercheurs à évoquer une forme de « balkanisation » du cyberespace.
C’est notamment le cas de Kavé Salamatian et Laurent Bloch dans leur article « L’Internet : domination impériale ou balkanisation ? »[12]. Ils écrivent en effet :
Historiquement, la balkanisation désigne le processus par lequel, à l’issue de plus de quatre siècles de conflits, les deux empires (Habsbourg et Ottoman) qui se disputaient les Balkans se sont effondrés pour laisser la place à de petits États identitaires aspirant à l’homogénéité ethnique, linguistique, religieuse et culturelle. Ces aspirations ne furent jamais satisfaites parfaitement, d’où l’apparition récurrente dans les Balkans de conflits d’« épuration ethnique », pour employer le vocabulaire récent. Un des résultats de la balkanisation fut la première guerre mondiale, qui portait en germe la seconde. […] Comme les Balkans, le Web est un espace multi-culturel. Notons que c’est récent : en 1995, le contenu du Web était pour l’essentiel du texte, et 97 % de ce texte était en anglais. En 2007, nous en étions à 68 % de sites en anglais, alors que seuls 35 % des internautes avaient l’anglais comme langue maternelle. Le Web n’est-il pas déjà balkanisé ? Pour constituer une communauté, il faut avoir : des intérêts communs, une langue commune, un moyen de se distinguer de ceux qui n’en sont pas membres, toutes choses disponibles sur le Web. Le Web (et l’Internet) sont-ils le terrain d’un affrontement entre empires rivaux ? Aujourd’hui, l’Internet (et de ce fait le Web) sont dominés sans partage par l’empire hégémonique des États-Unis, mais un nouvel empire manifeste ses ambitions, la Chine…
L’idée d’une « balkanisation du Web » renvoie ainsi à des questions que l’on retrouve également en-dehors de l’espace numérique, notamment autour des volontés d’affirmation de cultures et/ou de langues, qui trouvent désormais leur conception la plus radicale dans les idées de plus en plus répandues, et théorisées, d’identité (nationale, régionale etc.), ou de question identitaire. Mais, cette volonté d’affirmation peut aussi renvoyer à l’idée plus mesurée, et habituelle en géopolitique, de soft power, que l’on retrouve en partie dans l’idée de miagkaïa sila (force ou méthode souple[13]) telle qu’elle a été définie par Maxime Audinet dans Russie : vers une nouvelle guerre froide ? (2016). Celle-ci correspond à la mise en œuvre de différents moyens de communication et de rayonnement culturels dans l’espace numérique et informationnel, mais aussi, et plus largement, grâce à une diffusion par le biais de différents médias, tels que le cinéma, la littérature, la radio, ou encore via les institutions religieuses, qui peuvent jouer un rôle de représentant culturel (si ce n’est politique) à l’étranger.
Cependant, dans le cas de la Russie, la spécificité de l’État, qui se trouve être historiquement et résolument multi-ethnique, semble devoir aller à l’encontre d’une possible ethnicisation du Runet. En effet, le Runet présente une extension visible en-dehors des limites administratives du territoire de l’État, non seulement parce qu’il s’agit d’un inter-net, d’un réseau connecté au net mondial, mais aussi, et surtout, parce qu’il a pour spécificité de correspondre à un cyberespace de la langue (au cyber-domaine de la langue russe), qui s’étend aux régions de la Fédération de Russie, mais aussi aux pays de l’ancien bloc soviétique.
Ainsi, bien que ces régions présentent des spécifités ethniques et linguistiques indéniables – le pays compte en effet environ quinze langues officielles pour un ensemble de trente-sept langues parlées dans les anciennes républiques soviétiques –, leur espace numérique et informationnel fait néanmoins partie intégrante d’un Runet dont les modes d’utilisation et les applications employées semblent présenter une certaine unité, ou – au moins – une forme d’homogénéité.
Cette homogénéité des applications russophones dans le domaine du numérique s’applique donc à une pluralité réelle des différents groupes linguistiques et ethniques qui composent la nation russe multiculturelle. En ce sens, on voit que l’État intègre ces différences comme faisant partie intégrante de la nation qu’il entend gouverner, au même titre que le Runet les intègre dans un espace numérique et culturel commun (bien que sa structure puisse présenter quelques particularismes locaux, tels que le réseau de Tomsk, appelé « ToNet » en raison des certaines spécificités : des F.A.I. historiques locaux probablement issus du dynamisme technologique lié à l’ancienne ville scientifique fermée qui fonctionnait durant la période soviétique, de nombreuses adresses URLs utilisant encore le nom de domaine soviétique en *.su etc.).
Ainsi, l’émergence de cyberespaces culturellement normés – et à vocation nationale – dans les autres pays de l’ancien bloc soviétique, ne semble pas remettre véritablement en cause le Runet comme espace uni, ou comme espace de réunion de ces pays dans un domaine qui efface, ou ne tient pas compte de leurs frontières administratives. En effet, l’émergence, par exemple, d’un Kaznet, ne doit pas être confondue avec la création d’un cyberespace autonome vis-à-vis du cyberespace russe – toute autonomie étant, par ailleurs, rendue impossible en raison de la structure du Kaznet, qui dépend majoritairement du réseau physique de l’Internet russe –, et semble plutôt correspondre à une forme d’affirmation identitaire.
Cependant, cette problématique de l’affirmation identitaire reste complexe. Du point de vue de l’État kazakh, on pourrait penser qu’elle consiste à se démarquer de l’Internet mondial – perçu comme un domaine de domination états-unienne –, pour mieux rejoindre le modèle russe, souvent perçu comme une troisième voie face aux modèles de l’Europe et des États-Unis. Néanmoins, le Kaznet présente des signes de fermeture y compris vis-à-vis de la Russie, qui laissent supposer une volonté nouvelle de domination et d’autonomie de l’État kazakh sur son réseau : un « Great Firewall » – qui doit être érigé sur le modèle chinois – est ainsi en cours de réalisation dans le pays, afin de faciliter le contrôle étatique de l’Internet national en l’isolant de l’Internet mondial.
Toutefois, la question de l’identité dans l’espace informationnel et numérique russe garde ceci de particulier que son affirmation étatique, ou nationale, ne correspond pas à l’idée que l’on se fait généralement de la nation : le modèle de l’État-nation ne s’y applique pas. Car, loin de renvoyer à un modèle de nation homogène, extériorisée dans un État qui en unifierait définitivement et en matérialiserait la structure, le modèle russe renvoie – au contraire – à un État qui semble tenter en permanence de saisir ce qui constituerait sa propre nation, et qui pourrait relever de l’espace d’application de ses pouvoirs régaliens.
Or, cette nation et cet espace se trouvent être résolument hétérogènes. Dans Un Printemps russe, Alexandre Latsa écrit ainsi[14] :
En Russie, il est impossible de définir [ce qu’est] un Russe moyen. Ce Russe n’existe pas, pas plus sur le plan ethnique ou religieux que sur le plan économique. Les importants bouleversements économiques que le pays connaît depuis maintenant quinze ans ne permettent pas encore l’instauration d’une moyenne stable au sein du capital humain de la Fédération de Russie, malgré l’émergence d’une classe moyenne solide. La coexistence de modes de vie contraires au sein de populations elles-mêmes très différentes y est en effet peu propice. Comment en effet définir un Russe moyen selon qu’il s’agit d’un éleveur de rennes du nord de la Sibérie, d’un paysan du Caucase […] ou d’un Moscovite « moderne » et occidentalisé ? […] Une telle variété humaine et un tel mélange de styles de vie au sein d’un même État n’a sans doute aucun équivalent dans le monde. C’est la raison pour laquelle la structure même de la société russe, que ce soit sur le plan purement sociétal ou dans le cadre du rapport du citoyen vis-à-vis de l’État ou de l’État envers ses administrés, ne peut être similaire à celle d’une nation européenne dont la tradition culturelle et civilisationnelle [était] relativement homogène, du moins jusqu’à la période moderne récente[15].
On peut néanmoins se demander si cette hétérogénéité historique ne se retrouve pas au niveau des structures-mêmes de l’Internet russe : car, si l’utilisation des applications russophones renvoie à une certaine communauté linguistique qui transcende la multiplicité des langues et des dialectes parlés au sein de la Fédération russe, les particularités locales de certains réseaux – tels que le « ToNet » – pourraient être le signe d’une forme de semi-autonomie cyber-spatiale de certaines régions russes (dont l’autonomie est plus ou moins importante en fonction du statut : oblast’, kraj etc.). Cette possibilité reste néanmoins relativisée par l’existence de F.A.I. locaux qui, à l’image du groupe Ufanet, finissent par élargir leur réseau à l’ensemble de la Fédération.
Mais, malgré le fait que la Fédération russe semble devoir être exclue des logiques de « balkanisation du net » qui pourraient exister à l’échelle des groupes ethniques et/ou linguistiques dans d’autres pays, l’État fédéral paraît dessiner un nouvel espace russe de l’Internet, qui semble reposer sur une législation fortement marquée par des représentations et des logiques politiques et sociales internes. Celle-ci a, en effet, semblé émerger comme un projet d’État à part entière, après les fortes mobilisations qui ont eu lieu au cours de l’année 2011 contre la corruption en politique.
5. Le Runet comme force de résistance face à l’emprise croissante de l’État sur les systèmes d’information et de communication
Contrairement à ce qui pourrait paraître, en accord avec les représentations liées au contrôle des canaux de communication durant la période soviétique, le Runet n’a pas été à l’origine un lieu ou un moyen de transposition, dans le cyberespace, de l’autorité de l’État.
Au contraire, il s’est d’abord développé de façon autonome, comme un espace parallèle à l’État, aussi bien qu’au territoire physique. Il a d’abord été le lieu de rencontre d’internautes à la recherche d’un certain espace de libre parole à la fin de la période soviétique – comme le montre l’exemple d’Anatoly Klyosov[16], biochimiste qui avait été choisi pour participer en 1982 à l’une des premières conférences scientifiques internationales en ligne (par échange de messages instantanés), et qui avait profité du maintien d’une connexion Internet avec l’extérieur, celle de l’Institut de Recherche et de Sciences des Systèmes Automatisés Appliqués d’URSS (VNIIPAS) à Moscou, pour continuer à échanger avec des scientifiques du monde entier sans contrôle, et faire publier ses articles à l’étranger en contournant la censure d’État (alors assurée par le Glavlit).
Peu après la chute de l’URSS, en août 1991, l’Internet russe avait ainsi fini par être employé comme un canal de communication de crise avec l’extérieur du pays par des acteurs opposés à un retour de l’État soviétique, et contre la tentative de coup d’État menée par d’anciens membres représentants de la ligne dure du parti Communiste, et opposants aux réformes gorbatchéviennes[17].
La place de l’Internet russe par rapport à l’État n’est donc pas figée, mais fluctuante : elle a été changeante au cours de l’histoire du réseau, depuis un Internet qui – après s’être historiquement construit comme un mode de communication libre de l’emprise de l’État, parce que délaissé par lui, – est devenu le principal moyen de contrôle de cet État après les manifestations de 2011, tout en redevenant un espace de recherche de la libre expression, comme par le biais du réseau décentralisé Tor.
Cette nouvelle recherche de la parole libre sur le Runet, qui semble dessiner une nouvelle identité de l’Internet russe, est cependant marquée par de fortes disparités et ambiguïtés de discours, et par des collusions occasionnelles entre les mouvements d’opposition politique, les mouvements anarchistes et la scène artistique underground (sous-terraine, cachée) de Moscou, ou encore les hackers, les crackers (pirates informatiques) et les hacktivistes, acteurs solitaires ou membres de groupes tels que Anonymous International pour la Russie.
Cette nouvelle diversité des acteurs du Runet semble ainsi progressivement rejoindre celle qui caractérise les pays d’Europe de l’Ouest, les États-Unis ou encore le Brésil.
En effet, comme l’écrivent Kavé Salamatian et Laurent Bloch (K. Salamatian, L. Bloch, 2013) :
Si la balkanisation a eu des effets néfastes, elle a aussi permis aux peuples des Balkans d’affirmer leur identité et d’avoir des écoles et une littérature dans leurs langues, ce qui n’aurait pas été possible sous la domination autrichienne ou ottomane. De même, le Web offre à de petits groupes humains la possibilité de créer et de développer une, voire plusieurs identités propres, sans grands moyens financiers ou stratégiques. […].
Conclusion
Malgré l’absence de spatialité apparente de la sphère informationnelle, le Runet est marqué par une première délimitation : celle de la langue. En effet, il représente d’abord un cyberespace élargi à l’ensemble des pays russophones, dont la construction historique en tant que réseau physique au cours de la période soviétique s’est faite relativement à part ; voire dans les limites de la Fédération de Russie, puisqu’en accord avec les politiques restrictives mises en place par l’État durant cette période, notamment vis-à-vis de la recherche, et en particulier dans le domaine des technologies.
Cependant, malgré la recherche d’une nouvelle forme d’emprise sur ce réseau par les autorités russes, et malgré la possibilité de son instrumentalisation politique à travers la mise en place d’une législation particulière à partir de 2011, – marquée à la fois par un désir de normalisation des pratiques au sein du cyberespace (par le biais de l’idée de légalité), et par un désir de moralisation des internautes (qui semble aller de pair avec une volonté plus globale de moralisation de la société) –, on se doit de relever l’existence d’un autre Runet : celui vécu par les internautes, qui s’avère en partie autonome par rapport aux lois instaurées par les organes de la justice russe et de l’État, et paraît ainsi échapper encore, du moins en partie, à de nouveaux modes de contrôle qui seraient comme les postes frontières d’un nouvel espace clôt, d’un nouveau territoire numérique (et) fermé.
Notes de bas de page
[1] Voire l’article de Kavé Salamatian et Laurent Bloch, sur lequel on s’appuie : « L’Internet : domination impériale ou balkanisation ? », 2013, Institut Français d’Analyse Stratégique, http://www.strato-analyse.org/fr/spip.php?article251.
[2] Komissya po Razvityu Informatsionnogo Obshchestva. Si l’existence de cette commission est plus largement connue à partir de 2013 – 2014 (on la trouve notamment évoquée dans un article du Kommersant : http://www.kommersant.ru/doc/2462760), il semble que sa création, ou au moins le projet de sa création, soit bien antérieur(e) : on la trouve évoquée dès février 2011 dans une documentation disponible en ligne, qui montre que des concertations avaient déjà lieu en 2009 au sein du gouvernement : http://www.slideshare.net/yurkevich/ss-6854364).
[3] Moteur de recherche et portail Internet créé en 1996 par Dmitri Kryukov.
[4] Forum annuel qui porte sur les questions de cyber-sécurité et en réunit les principaux acteurs. Il se tient en Ukraine.
[5] On peut voir à ce sujet un article publié le 24 octobre 2008, sur le site d’information chinois Cnews : http://www.cnews.ru/news/top/velikaya_Internetstena_russkij_faervoll.
[6] Faille ou processus aménagé(e) dans un système, qui permet de surveiller les pratiques d’un utilisateur à partir de la machine sur laquelle elle/il a été installé(e).
[7] En particulier, donc, dans le cas de systèmes d’exploitation commerciaux tels que Windows et MacOS : les systèmes d’exploitations libres et open-source (dont le code est en source ouverte) étant moins sujets à des failles de grandes ampleurs dont la durée excède plus de quelques mois, puisque le libre accès à leur code permet, au moins théoriquement, d’en repérer et d’en corriger rapidement les défauts, qui peuvent apparaître lors de mises à jour.
[8] Système d’exploitation dont le code est ouvert à tous (accessible, lisible et modifiable sur le web), chacun pouvant donc l’utiliser afin de créer un nouveau système d’exploitation.
[9] Comme dans le cas du micro-processeur Baïkal.
[10] Un député du parti Russie Unie, réputé pour ses positions généralement considérées comme conservatrices.
[11] Communautarisme numérique, ou communautarisme 2.0, qui trouve par ailleurs son apogée dans la remise en cause décisive de la neutralité du net par les politiques publicitaires appliquées à l’initiative des grands groupes tels que les GAFA.
[12] Op. cit.
[13] Expression proche de l’idée de soft power, évoquée par Maxime Audinet dans « Un soft power d’État russe : la miagkaïa sila », Russie : vers une nouvelle guerre froide ?, chap. 6, éd. La Documentation française, Paris, 2016.
[14] C’est-à-dire, du point de vue de la situation ou du statut économique et social de tel ou tel groupe ou individu.
[15] Alexandre Latsa, Un Printemps russe, chapitre « Le modèle sociétal russe », § « Le retour des valeurs », éd. des Syrtes, 2016, pp. 115-116. Cette hétérogénéité profonde de la société russe concerne donc aussi bien des différences ethniques et linguistiques, que différences sociétales et sociales.
[16] Voir l’article de Kevin Limonier, « Comment l’Union Soviétique envoya son premier homme sur l’Internet en 1982 », art. cit., https://fr.globalvoices.org/2016/01/03/193477/.
[17] À ce sujet, on peut voir l’article d’Andreï Soldatov et Irina Borogan : « Comment un petit groupe de programmeurs a permis l’échec du coup d’État de 1991 en Russie » (sa traduction est disponible sur le site Slate au lien suivant : http://www.slate.fr/story/123339/heros-de-Internet-russe). Il est tiré du livre The Red Web: The Struggle Between Russia’s Digital Dictators and the New Online Revolutionaries, éditions PublicAffairs, 2015, op. cit., « Chapter 2, The First Connection », pp. 30-43.
Références bibliographiques
Ouvrages
Latsa, Alexandre, Un Printemps russe, éditions des Syrtes, 2016, 304 p.
Soldatov, Andrej, Borogan, Irina, The Red Web: The Struggle Between Russia’s Digital Dictators and the New Online Revolutionaries, éditions PublicAffairs, 2015, 384 p. [Солдатов, Аидрей, Бороган, Ирина, Битва за Рунет : как власть манипулирует информацией и следит за каждым из нас, Альпина паблишер, 2017, 342 с.]
Collectif
Audinet, Maxime, lambroschini, Sophie, limonier, Kevin, ter-minassian, Taline, Raviot, Jean-Robert, Russie : vers une nouvelle guerre froide ?, sous la direction de Jean-Robert Raviot, éditions La documentation Française, n° 54, coll. Doc’ en poche « Place au débat », 2016, 182 p.
Revues, articles et périodiques
Morenkova Perrier, Elena, « De la sécurité informationnelle à la cyber-sécurité : la redéfinition de la doctrine stratégique russe », Revue Défense Nationale, Tribune n° 586, Décembre 2014, pp. 1-7.
Limonier, Kevin, « Les villes de science et le projet Skolkovo », Regards de l’Observatoire franco-russe 2013, Le Cherche Midi, Paris, 2013.
Ressources en ligne
Morenkova Perrier, Elena, (Re)creating the Soviet Past in Russian Digital Communities. Between Memory and Mythmaking, Digital Icons, Studies in Russian, Eurasian and Central European New Media, 7ème édition. URL : http://www.digitalicons.org/issue07/elena-morenkova/.
Limonier, Kevin, « Comment l’Union Soviétique envoya son premier homme sur l’Internet en 1982 », art. cit., https://fr.globalvoices.org/2016/01/03/193477/.
Nocetti, Julien, « L’Internet russe : la loi et l’ordre », publié le 28/06/2016 et mis à jour le 18/07/2016, https://www.inaglobal.fr/idees/article/l-Internet-russe-la-loi-et-l-ordre-9103.
Salamatian, Kavé, Bloch, Laurent, « L’Internet : domination impériale ou balkanisation ? », 21 septembre 2013, site de l’Institut Français d’Analyse Stratégique – IFAS : http://www.strato-analyse.org/fr/spip.php?article251.